Ambiuolcios qu’on appelle aussi Imbolc (irlandais) ou imbiuolcaia.
C’est une fête des lumières en rapport aux premiers rayons de soleil qui annoncent les premiers frémissements du printemps. C’est également un rite de purification (Le nom même de la fête signifie « lustration ») et de fécondité qui préfigure Belotennia et qui se déroule à une date la plus proche possible du 2 février. C’est le moment où la vie reprend dans la nature, les rivières gonflées d’eau par les pluies et la fonte des neiges balaient les scories de l’hiver. C’est également l’apparition des perce-neige, la naissance des agneaux et des chevreaux, le début de la lactation des femelles. La graine se prépare à donner naissance à la future plante. L’herbe qui reverdit annonce que la vie n’était qu’en gestation dans le ventre nourricier de la Terre.
Parallèlement, à cette période de l’année, les familles et les clans n’avaient que très peu d’activités extérieures, et la vie se déroulait principalement au sein des foyers qui étaient gérés par les femmes.
C’est donc une fête essentiellement féminine, maternelle, lunaire. Elle est associée à l’eau et à la lumière renaissante et a lieu la nuit et ce sont les femmes qui officient.
Cette fête, célébration de la Déesse-Mère, est placée sous la bienveillance de Brigit/Brigantia ( 1 Du gaulois : brigantion / brigant- (éminent, élevé), du sanskrit: brhati (haute, noble), du vieux Breton: briantin (personne de rang élevée). Terme celtique pour évoquer ce qui est éminent, élevé. Très fréquent dans les noms d’oppida situés sur des hauteurs, Brigantium (Briançon, Briençon, Briant, Briantes, etc…), dans le nom de certains peuples (Brigantes, Brigantii, …) et de rivières (Brian, Briance, Briande, etc…), qui est à la fois, Mère, Soeur et Fille des Dieux, fille du Dagda. Elle est aussi la mère, l’épouse et la soeur de Lug, Dagda, Ogme, Nuada, Diancecht et Mac Oc, des Dieux des Tuatha Dé Danann, et fut l’épouse d’un Fomoire, Bres, avec qui elle eut un fils, Ruadán.
Elle est connue sous différents noms et est capable de se transformer sous toutes les formes qu’elle souhaite. Elle est symbolisée par le feu, celui de l’inspiration pour les poètes, le feu de la Terre qui permet la santé et la fertilité, le feu du foyer qui est utilisé pour la forge. Elle est donc la Déesse-Mère des Art, de la Médecine, de la Magie et de la Guerre, elle est la patronne des Druides, des Bardes, des Vates et des forgerons, et elle est invoquée lors des naissances. Elle participe donc des trois fonctions traditionnelles celtiques.
La fête est le pendant, symétrique, de Lugunaissatis (car c’est une constante des fêtes d’avoir chacune leur opposé symétrique, leur vis à vis qui vient l’équilibrer six mois plus tard), quand la Terre, fatiguée par les moissons, était redevenue vierge. Pour Ambiuolcios, la Déesse, tout comme la Terre, sont toujours vierges mais l’une comme l’autre sont redevenues fécondables: la Déesse vierge est alors la préfiguration de la Déesse Mère. A ce titre elle est aussi la Déesse de fécondité, et donc associée à la Nature, au moment de sa correspondance avec le cycle saisonnier et agraire. C’est le début du Printemps.
Ambiuolcios semble pourtant être un peu la fête mal aimée du festiaire celto-druidique, celle sur laquelle on trouve le moins de témoignages, de survivances ou de pages d’étude consacrées. On la sous-estime un peu dans la mesure où l’on ne retrouve pas beaucoup de traces et que l’on ne sait pas grand-chose à son sujet si ce n’est que les chrétiens l’ont récupérée, selon leur habitude, et consacrée à Ste Brigitte. On a souvent estimé du coup qu’elle n’était peut-être pas très importante ou/et qu’elle n’était destinée qu’à la 3ème fonction, celle des producteurs.
Certains auteurs avancent pourtant une théorie plus séduisante : les autres fêtes celto-druidiques sont essentiellement connues grâce aux copistes chrétiens qui n’en ont pourtant laissé transparaitre que ce qu’ils voulaient bien faire transparaitre. Si l’on ne sait presque rien sur Ambiuolcios, ne serait-ce pas parce que c’était une fête ésotérique si importante, ou une fête principalement féminine que les chrétiens se seraient efforcés d’en supprimer tout souvenir ?
Le rite le plus représentatif de la fête est la purification: « se laver les pieds, les mains, la tête ».
On admet généralement qu’Ambiuolcios est une fête lustrale destinée à la purification après les rigueurs et les souillures de l’hiver. Mais la fête correspond aussi symboliquement à l’éveil initiatique et à la préparation qui aboutiront à la Renaissance de Beltaine. C’est une fête initiatique d’un passage primordial.
On sait que la tenue de chaque rituel nécessite une purification préalable. On comprend donc que cette purification est d’autant plus nécessaire quand il s’agit d’un véritable rituel initiatique. Et à cette occasion précise, la purification devient le rite lui-même.
La purification se fait de deux manières:
- par l’Eau (et l’on précise bien ici, « se laver les pieds, les mains, la tête »),
- par le Feu: Ambiuolcios est une fête ou le feu joue un rôle primordial puisqu’il symbolise le Soleil, source de chaleur et de lumière. Outre son rôle purificateur il est aussi le protecteur des hommes et des animaux (la fête est d’ailleurs aussi connue sous le nom de « fête des chandelles » et ces chandelles, parfois des flambeaux, sont restés dans certaines coutumes: processions, …)
Dans la nature, Ambiuolcios correspond à la première assimilation de la graine semée qui s’intègre au sol. Le germe de blé est donc la promesse du champ qui s’épanouira sous le soleil de Lugunaissatis.
Si les jours rallongent, on remarque pourtant que l’hiver exerce toujours son emprise sur la terre. Néanmoins les graines qui dormaient jusque-là en son sein, commencent à s’éveiller à une vie nouvelle: c’est du plus profond des ténèbres que nait la lumière, comme c’est de la mort que nait la vie.
C’est donc une fête d’ouverture de la vie, déjà contenue dans le sein de la Terre et c’est le retour du soleil qui permettra à ces graines de donner en été les fruits et les récoltes espérés.
D’ailleurs, c’est autour de ce thème que tournent toutes les coutumes relatives à la crêpe qu’on a pu conserver: lancer la 1ère crêpe avec une pièce d’argent dans l’autre main, lancer cette 1ère crêpe sur le haut de l’armoire et l’y garder toute l’année, etc…Il faut dire aussi que la crêpe avait un effet pour ainsi dire multiplicateur: confectionnée avec de la farine, des oeufs, du lait, c’était l’espérance d’avoir de ces produits en abondance toute l’année. Enfin, souvent, autrefois, les paysans invitaient leurs voisins à venir manger des crêpes pour avoir une belle moisson ou pour préserver les blés de la maladie. « Goûter de chaque nourriture selon l’ordre, voilà ce que l’on doit faire à Ambiuolcios. Se laver les mains, les pieds, la tête, c’est ainsi que je le dis »